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MONSIEUR L'ABBÉ PHILIPPE CHÉNARD
[ Extrait intégral tiré du journal « L'Action Catholique » du 29 août 1943,
à propos de l'héroïque prêtre fondateur de Saint-Athanase. ]
« Monsieur l'abbé Philippe Chénard s'est dépensé sans compter, pendant sept ans et sept mois à Saint-Athanase. Du mois d'août au milieu de novembre 1922, il dut s'occuper particulièrement de la construction de l'école du Rang Quatre, de la chapelle-école, de la cuisine du presbytère, alors qu'il n'y avait pas un morceau de bois de charpente de coupé, pas de planche, et pas de boutique à bois. Au commencement, il n'y avait même pas de planeur.
« Il devait en même temps s'occuper des chemins dont il était le directeur des travaux, des bâtisses, de l'outillage, voir à tout, commander ou acheter, etc. À un certain moment, monsieur l'abbé Chénard avait 130 hommes sur les chemins et une quinzaine d'ouvriers sur les différentes constructions. Il n'y avait pas de malle, pas de téléphone; pour aller à Québec, le brave curé devait faire dix milles de mauvais chemin pour prendre le train de nuit du Transcontinental. Ajoutons à cela ses devoirs religieux, ses prônes, ses exercices de piété, ses sermons, l'administration des sacrements, la visite aux malades, la consolations des affligés, etc., etc.
« C'est dire, avec monsieur l'abbé Chénard lui-même, que dans cette période de fondation, quand il avait fini de dire son bréviaire, à minuit, la vache et le cheval qui dormait en faisant branler la chaîne de l'autre côté de la cloison ne parvenaient pas plus à l'empêcher de dormir que les pleurs du bébé, dans une chambre voisine. On se rappelle que le curé Chénard a d'abord résidé dans une chambre 10 x 12, où l'étable était attenante.
« Monsieur l'abbé Chénard est parti de Saint-Athanase le 28 février 1930, laissant un souvenir impérissable de bon Pasteur, qui avait donné les meilleures années de sa vie pour la colonie naissante. »
[ Notice biographique écrite par l'abbé J. Antoine Drapeau dans
l'Annuaire du collège de Sainte-Anne-de-La-Pocatière, numéro 66 ]
« Au soir d'un dimanche, le 26 avril dernier [1956], à Saint-Romuald, en son aumônerie, l'abbé Philippe Chénard terminait de façon subite une vie que la maladie minait depuis dix-huit ans. Ainsi s'achevait, sans agonie, une existence pleine de dignité et de mérites, entièrement consacrée au service des âmes.
« Né à Sainte-Hélène-de-Kamouraska le 3 octobre 1891, l'abbé Chénard fut ordonné prêtre le 2 juillet 1916. Après cinq années de vicariat à Saint-Pamphile, il fonde, en 1922, la paroisse de Saint-Athanase. En 1930, il est nommé à la cure de Rivière-à-Pierre, et de Saint-Marc-des-Carrières, en 1936. Depuis décembre 1944, il était aumônier des Frères de l'Instruction Chrétienne au Juvénat de Saint-Romuald.
« L'abbé Chénard fut une véritable personnalité. Il était doué d'un tempérament d'un équilibre remarquable. Son intelligence claire, lumineuse, saisissait d'emblée l'ampleur des problèmes, en trouvant promptement l'exacte solution. Aussi était-il agréable de converser avec un homme à l'esprit aussi juste. Jamais de pure fantaisie, mais des entretiens instructifs et sérieux sans ennui. Combien de travailleurs de la terre et d'ouvriers de carrières ont bénéficié de la sagesse de son jugement et de l'à-propos de ses conseils.
« Il était le conseiller auquel on recourt, confiant, dans les vicissitudes de la vie humaine. À cela s'ajoute une sensibilité très fine, nuancée, dominée. Il fut compatissant à la douleur d'autrui, parce que, le premier, il avait souffert. Il perdit son père à l'âge de quatre mois et sa mère au début de son adolescence. En dépit des gâteries d'un aïeul, qui connaissait bien l'art d'être grand-père, et de l'affection d'une famille qui le chérissait, il ressentit amèrement le vide que laisse au coeur la disparition prématurée d'un père et d'une mère. La richesse de son coeur explique l'attachement qu'il a conservé à sa famille aussi bien qu'à ses amis. Rien ne lui était plus sensible que la visite d'un parent, d'un confrère ou d'un ancien paroissien. Supportant difficilement la solitude, il aimait recevoir et sa maison s'ouvrait largement à l'hospitalité.
« La grâce ne détruit pas la nature: elle l'élève à un ordre supérieur. L'abbé Chénard a transposé ses qualités humaines sur le plan surnaturel. Son zèle, prudent et éclairé, a conduit à la vertu les âmes qui ont écouté sa voix. Dans les paroisses qu'il a dirigées, il eut à coeur de développer le culte de l'Eucharistie, la pratique de la communion fréquente et l'apostolat missionnaire. Il veillait avec un soin diligent à la formation chrétienne des enfants des écoles. Au besoin, il lutta avec énergie contre la profanation du dimanche et les fléaux de l'intempérance. Sa direction spirituelle, chez les juvénistes, a brillé de prudence et de modération. Sa charité pour les malades n'eut d'égale que sa bienfaisance pour les pauvres. Les individus et les familles dans la gêne ou la misère ont reçu, discrètement, l'aide qu'ils sollicitaient. Ses aumônes étaient royales. Il ne savait pas compter quand l'indigence lui tendait la main. En retour, sans lui donner la richesse, le Bon Dieu l'a pourvu des biens nécessaires et lui a épargné les inquiétudes que l'état de ses finances pouvait lui causer pour les années de la vieillesse.
« Toute sa vie, il s'est abandonné aux mains de la Providence avec une confiance d'enfant. Cet abandon filial lui a donné la force d'occuper des emplois qui lui ont demandé, parfois, de l'héroïsme et de se soumettre avec résignation à la longue épreuve de la maladie quand elle s'est installée en lui pour l'accompagner jusqu'au tombeau. « Laetabitur justus in Domino » (Ps. 63). Maintenant qu'il est entré dans son éternité, demandons pour ce juste la joie du Seigneur et l'éternel repos!. »
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