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LES REQUÊTES
[ Dans l'objectif de fonder une paroisse sur le territoire du Canton Chabot. ]
À l'automne 1920, monsieur l'abbé David Chénard, prêtre de Saint-Éleuthère, demande au ministre de la colonisation de mettre la moitié est du Canton Chabot à la disposition des colons. On découvre, dans ladite lettre, ce paragraphe très intéressant: « Il y a déjà 115 lots sortis des limites, une vingtaine de colons résidants, et il s'est bâti un petit moulin qui permettra aux colons de se loger, et je vais demander à Son Éminence [Louis-Nazaire Bégin], l'année prochaine, de leur donner un prêtre parce que ces colons sont trop loin d'ici. Ce qui presse le plus c'est la construction d'une route partant de la Station Picard... et le prolongement des chemins de front, et enfin, deux écoles: l'une au Rang Quatre et l'autre au Rang Six, dont l'une pourrait servir de chapelle temporaire. »
PREMIÈRE REQUÊTE: DEMANDE D'UN PRÊTRE POUR LE CANTON CHABOT
Environ neuf mois plus tard, dans une lettre datée du 25 juin 1921 en provenance de Saint-Éleuthère, écrite par monsieur l'abbé David Chénard à l'intention de Son Éminence Louis-Nazaire Bégin, on retrouve le texte intégral suivant:
« Éminence, Je prends la liberté de vous demander si vous voulez bien donner un prêtre aux colons du Canton Chabot, situé à l'ouest du Canton Pohénégamook. Il y a 115 lots concédés depuis plusieurs années dans ce canton; nous en avons demandé une centaine d'autres ce printemps ainsi que l'argent nécessaire pour construire une école cette année et une autre l'année prochaine. Je me suis mis en relation avec le député du comté à ce sujet; il est très bien disposé à favoriser la colonisation de ce canton. J'ai entendu dire même qu'il avait obtenu un fort montant d'argent pour les travaux de route et chemin à y faire cet été. Il y a dans le moment une vingtaine de familles résidantes; elles sont à sept, huit, neuf et dix milles d'ici avec des côtes énormes à franchir. Vous comprenez qu'elles ne viennent pas souvent à la messe. D'autres colons attendent un prêtre et des écoles pour aller résider là.
« Je suis sûr qu'avec un prêtre résidant, la colonisation y marchera très vite, car c'est un bon canton de colonisation. De plus, c'est une excellente occasion cette année de pousser la colonisation, le commerce du bois ne va pas, les gages sont baissés de moitié et l'ouvrage se fait rare. Il serait bon de nommer ce prêtre immédiatement afin qu'il ait le temps avant l'hiver d'organiser la municipalité scolaire et de construire une école dont il fera sa chapelle et son logement pour quelques années.
« Ce sera un poste pénible pour commencer et il faut là un prêtre colonisateur bien solide physiquement et spirituellement. Pour lui aider à vivre, la visite des chantiers avoisinants et l'aide de la Propagation de la Foi lui seront bien utiles. J'ai déjà taquiné le gros vicaire de Saint-Pamphile, monsieur l'abbé Philippe Chénard, au sujet de cette Mission; je crois qu'il accepterait volontiers et qu'il ferait bien. Il est mon petit cousin, il serait toujours le bienvenu chez moi et il accepterait volontiers mes conseils dans les questions difficiles qu'il aura à régler. Ce sont là, Éminence, de respectueuses suggestions; vous en ferez ce qu'il vous plaira et je serai content. (...) Dans l'espérance d'une réponse favorable aux demandes formulées ci-dessus, j'ai l'honneur d'être, de Votre Éminence, Le Très dévoué serviteur.
« David Chénard, prêtre. »
DEUXIÈME REQUÊTE: CELLE DES HABITANTS DU CANTON CHABOT
Cet autre texte fait partie d'une lettre datée du 13 septembre 1921, expédiée de Saint-Éleuthère par les colons et propriétaires de lots du Canton Chabot, à l'intention de Son Excellence Monseigneur l'Évêque Louis-Nazaire Bégin.
Note: afin de conserver leur originalité, les extraits suivants sont reproduits intégralement, fautes d'orthographe comprises.
« Tel que nous soussigné et nous les intéressés du canton Chabot des rangs 5-6-7-8 endossons sur cette requête et renouvellons la demande fait il y a quelques années. Nous vous demandons le placement de l'Église dans le centre du canton qui se trouve dans le sixième rang. Aiyant déjà obtenue la promesse d'une école chapelle, nous vous demanderions de fournir votre jugement pour placer cet école sur les lieux ou sera érigé plus tard l'église du canton, c'est à dire lorsque nous aurions les moyens voulus.
« Nous insistons sur cet demande afin d'avoir une réponse définitive pour qu'on puisse se préparer à batir cette maison qui sera destiné a l'institution des enfants et pour la gloire de Dieu, nous croirions pouvoir faire ces travaux au printemps 1922 comme nous somme bien persuadé vous qui travaillé toujours pour le salut et l'intérêt des âmes nous contons sur votre aide et vaillant patronage, car nous avons a coeur de former une nouvelle paroisse le plus tôt possible afin d'être plus raprocher pour bien remplir notre devoir de religion.
« Nous vous demanderions même s'il vous était possible de faire une visite sur les lieux demandés ce qui vous prouverait que nous demandons que la justice, l'encien requête que vous avez déjà approuvé avait été demandé sur le lot 45 rang 5 ou 6, mais le vrais centre du rang est entre les lots 41 et 42 des même rang, donc nous contons sur votre bienveillance et vous vous rendrez bien à nos sollicitations.
« Tel que dit présenté par M. Louis Lessard nous les interressé nous avons tous signé. »
Quarante-six (46) signatures suivent:
Louis Lessard ;
Belloni Dubord ;
Olivier Dubord ;
Eddy Daniel ;
Elzéar Hébert ;
Édouard Hébert ;
Elzéar-Amédée Thibault ;
Léandrus Thibault ;
Paul Bolduc ;
Willy Poulin ;
X: Abraham Poulin ;
X: Alphonse Poulin ;
Jules Gagné ;
Ludger Landry ;
Pierre Bérubé ;
Jos Lamontagne ;
Télesphore Lamontagne ;
Joseph Lafrance ;
Arthur Bérubé ;
Arthur Sirois ;
Charles Dubé ;
Adélard Sirois ;
Joseph Boulanger ;
Paul Rousseau (garde-feu) ;
Isidore Boulanger ;
Germain Lévesque ;
Wilfrid Sirois ;
Ernest Jalbert (témoin: Wilfrid Sirois) ;
Alphonse Sirois ;
Émile Sirois ;
Joseph Michaud (4e Rang) ;
Pierre Boucher ;
Trefflée Michaud ;
Polydore Langlais ;
Désiré Michaud ;
Léandrus Hébert ;
Ernest Hébert ;
Alfred Dussault ;
Uldéric St-Pierre ;
Alfred Chouinard (témoin: Joseph Lafrance) ;
Alcide Chouinard (témoin: Joseph Lafrance) ;
Arthur Fournier ;
Israël Chouinard ;
Louis J. Tardif ;
Joseph Landry ;
Siméon Bélanger.
CONCLUSION: L'ARRIVÉE DU PREMIER PRÊTRE DESSERVANT
L'année suivante, les rêves conjoints de monsieur l'abbé David Chénard et des colons du Canton Chabot sont enfin réalisés. En effet, au cours du mois de juillet 1922, Son Éminence le Cardinal Louis-Nazaire Bégin, sur les instances réitérées de ces braves hommes, nomma desservant du Canton Chabot, monsieur l'abbé Philippe Chénard. Celui-ci arriva le 25 juillet 1922. Il demeura d'abord chez monsieur Olivier Dubord, dans une chambre de 10 par 12 pieds. [Note: cette maison a par la suite appartenu à messieurs Ernest Gagnon, Dominique Lemieux, Adrien Dumont et Gaétan Thibault, propriétaire actuel.]. Comble d'inconfort, l'étable était attenante à la pièce où vivait l'abbé Chénard, de telle sorte qu'il ne se reposa guère pendant les premières nuits.
Le 26 juillet 1922 est un jour mémorable pour la Mission puisque c'est la célébration de la première messe au camp de messieurs François et Louis Morin.
Le journal « L'Action Catholique » du 29 août 1943 raconte l'événement en ces termes:
« Lorsque Notre Seigneur est descendu pour la première fois sur l'autel de Saint-Athanase (lire du Canton Chabot puisque le nom Saint-Athanase a été choisi ultérieurement de façon officielle), par le ministère de l'abbé Philippe Chénard, la nature était à peu près le seul décor matériel qui attendait l'Homme-Dieu. Nous n'oublions certes pas, le coeur rempli d'amour et de reconnaissance des quelques vingt-cinq personnes qui assistaient pour la première fois, dans leur canton, au Saint Sacrifice de la messe.
« C'est donc le 26 juillet, en la fête de la Bonne Sainte Anne, que monsieur Chénard dit sa première messe, dans le camp de monsieur François Morin. Le camp avait été nettoyé la veille, dans l'après-midi, et orné dans la soirée. L'autel est de planches brutes, entouré de gros papier gris à lambris. Monsieur Louis Lessard suspend deux images au-dessus de l'autel. Deux pots vides de confiture avec des fleurs prises dans les abatis achèvent la décoration. Une couple de bancs faits avec des planches posées sur des bûches de cèdre à bardeaux sont à la disposition des dames. Les hommes entendent la messe et le sermon à l'extérieur. Quelques jours plus tard, un petit tabernacle est ajouté, pour garder le Bon Dieu, mais après la messe, la chapelle devra être fermée à clef.
« Au cours de la célébration, monsieur Wilfrid Lemieux était l'un des servants tandis que le chantre était monsieur Louis Lessard. Monsieur Charles-Eugène Marchand de Saint-Éleuthère avait apporté la première boîte d'hosties de la même paroisse. Messieurs François et Louis Morin ont joué un rôle de premier plan à l'égard de leurs compatriotes et de la Mission. Ils ont aussi été d'une aide généreuse à l'endroit de l'abbé Chénard. »
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